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LITTERATURE ORIENTALE

Les diverses cultures du Moyen-Orient, de la Chine et du Japon ont produit des œuvres littéraires encore assez mal connues à l'étranger, mais leur richesse et leur envergure les mettent au rang des plus grandes littératures du monde occidental.

La littérature de langue arabe fut fortement influencée par la culture islamique apparue au VIIe siècle. Conquise par les Arabes peu de temps après, la Perse connaissait déjà un art littéraire dont la forme et le contenu étaient plus variés que la littérature écrite en arabe classique. La culture perse allait donc enrichir la tradition littéraire arabe de nouveaux genres, tel celui du poème épique.

La littérature arabe.

Avant le prophète Mahomet, l'Arabie disposait d'une tradition littéraire orale et essentiellement poétique. Les trois principales formes de poèmes comprenaient la qasida (ode), l'éloge et la hija (satire). A cette époque, la parole revêtait une telle force qu'une armée, même la plus puissante, pouvait s'enfuir face aux hija des poètes du camp adverse.
Les musulmans considèrent le premier livre arabe, le Coran, comme la parole même de Dieu. Datant du VIIe siècle de notre ère, le Coran s'imposa comme un modèle de l'arabe écrit dans tout le Moyen-Orient.
La première forme poétique non religieuse fut celle de la littérature de courtoisie, ou adab, selon une tradition proche-orientale et indienne. Sa portée était telle que le terme adab désigna bientôt la littérature en général.
Dans les premières années de la dynastie des Abbassides (750-1258), les poètes abandonnèrent la tradition bédouine d'Arabie et empruntèrent des thèmes classiques persans qui consistaient souvent en éloges des femmes et du vin. L'un des plus grands parmi ces poètes fut Abu Nuwas (vers 762-813) dont la poésie bachique suscita nombre d'imitateurs. La poésie abbasside subit ensuite l'influence croissante du mysticisme.
Les grandes œuvres arabes comprennent des textes historiques, des biographies et des récits de voyages. Au XIIe siècle apparaît, dans le domaine de la littérature de fiction, une prose épique populaire, généralement écrite à la gloire de héros musulmans. Il en est ainsi des contes populaires islamisés, notamment de l'ensemble de récits intitulé les Mille et Une Nuits, qui acquit sa forme actuelle sous le règne des Mamelouks (1250-1517).
Dans la littérature arabe contemporaine influencée par la culture occidentale, le roman a pris le pas sur la poésie. L'un de ses plus éminents représentants est le Cairote Nadjib Mahfouz (né en 1911), prix Nobel de littérature en 1988.

La littérature persane.

La conquête arabe de la Perse à partir de 637 entraîna la conversion de la majorité de la population à l'islam. L'arabe, langue du Coran, conquit la sphère administrative religieuse, mais elle devint aussi la principale langue littéraire.
La plus grande partie de la littérature persane du Moyen Âge fut réalisée à l'écart des centres culturels arabes. Considérée comme une période de décorum et de bon goût, l'ère des Samanides (874-999) favorisa la qasida persane et le masnavi, poème épique comportant des distiques rythmiques dont le Livre des rois de Firdûsî (v. 933-1020) reste le meilleur exemple. Cette épopée nationale de plus de 50 000 distiques eut le mérite de contribuer à préserver une identité persane distincte de celle des autres peuples musulmans.
Le règne de la dynastie des Sedjoukides, au pouvoir en 1038, ouvrit une grande période de fécondité littéraire. La culture persane rayonna l'Inde à l'Anatolie — la Turquie moderne. Les communautés soufistes se développèrent. Omar Khayyam (v. 1048-1122) est l'un des poètes soufis les plus célèbres, ses robaïates, ou quatrains, font l’éloge des femmes et du vin comme symboles manifestes de l'union mystique avec Dieu. Ses œuvres obtinrent la consécration en Occident grâce à la traduction du poète victorien Edward Fitzgerald (1809-1883).
L'œuvre florissante de quelques-uns des plus illustres poètes classiques tels Rumi (mort en 1273), Sa'di (mort en 1294) et Hafiz (1325-1389) survécut à l'invasion destructrice des Mongols. Les contes du Golistan et du Bostan de Sa'di illustrent la sagesse soufi, tandis que le Divan de Hafiz renouvelle le genre des poèmes d'amour grâce à une interprétation mystique.
Au XIXe siècle, sous l'influence occidentale, les écrivains abordèrent les sujets sociaux et politiques. Depuis la révolution islamique, en 1979, le martyre iranien et le panislamisme sont devenus la principale source d'inspiration.