Grâce à l'émergence d'excellents auteurs, le roman devient, avant le théâtre et la poésie, le genre le plus populaire dans l'Angleterre du XIXe siècle. Aux États-Unis, le problème est quelque peu différent : dépourvus d'une histoire et d'une tradition littéraire anciennes, les auteurs américains doivent forger de toutes pièces une littérature prenant en compte les aspirations et les spécificités du Nouveau Monde.
Romantiques au début du XIXe siècle, les écrivains anglais adoptent progressivement un point de vue et un style réalistes. Avec les romans de Jane Austen (1775-1817), comme Bon sens et sensibilité (1811), une fine comédie de mœurs consacrée à la bourgeoisie, le roman psychologique anglais connaît une de ses premières œuvres abouties.
Les sœurs Charlotte (1816-1855) et Emily (1818-1848) Brontë confèrent à leurs romans respectifs leur sens du lyrisme et du tragique. Wuthering Heights (Les Hauts de Hurlevent) (1847) d'Emily combine la violence, la poésie et le surnaturel. Dans Jane Eyre (1847), Charlotte relate l'histoire d'une femme indépendante qui refuse de devenir la maîtresse de l'homme qu'elle aime.
En pleine ère victorienne, le roman explore toutes les directions, y compris l'analyse psychologique, le drame, l'exotisme, etc., et adopte une construction de plus en plus complexe. Les problèmes sociaux de son temps constituent le terrain d'observation privilégié de Charles Dickens (1812-1870). La plus grande partie de ses romans dits «sociaux» comme Oliver Twist (1838), David Copperfield (1849) ou les Grandes Espérances (1861) se déroule dans les bas quartiers d'un Londres où règnent la corruption, la misère et l'injustice sociale. Dickens se fait le chantre inspiré des valeurs humaines, contre les effets négatifs de l'hypocrisie, du crime et du snobisme. Les romans de William Makepeace Thackeray (1811-1863) donnent une vue panoramique du microcosme social. Sa Foire aux vanités (1847-1848), notamment, fustige les corruptions de la société. George Eliot (1819-1880), dans Silas Marner (1861) et Middlemarch (1871-1872), dépeint fidèlement la vie de province et ses différents comportements humains. Thomas Hardy (1840-1928) est le romancier de sa région, le Wessex. Sa vision pessimiste de l'homme soumis à un destin tragique se trouve développée dans le Retour au pays natal (1878) et dans Tess d'Uberville (1891). Après Jude l'obscur (1895), il se consacre uniquement à la poésie et aux nouvelles. Les romans de Joseph Conrad (1857- 1924) ne sont déjà plus du XIXe siècle. Si ses récits d'aventures, notamment Lord Jim (1900), cultivent le pittoresque et la veine réaliste, sa nouvelle Au cœur des ténèbres (1902), utilise des techniques narratives modernistes pour analyser les méfaits de l'impérialisme et la psychologie humaine.
La littérature américaine entreprend de se forger un caractère spécifiquement national par l'exploitation de thèmes et d'idées propres au Nouveau Monde. Les œuvres des auteurs américains expriment un effort constant pour créer une identité nationale. C'est le cas des «romans de la frontière» qu'illustre James Fenimore Cooper (1789-1851), l'écrivain des grands espaces. Des œuvres comme le Dernier des Mohicans (1826) développent des sujets et des thèmes typiquement américains.
Avec son recueil d'essais, de descriptions satiriques de la vie anglaise et d'adaptations américaines de contes populaires allemands, The Sketch Book of Geoffrey Crayon (1820), Washington Irving (1783-1859) devient le premier auteur américain à obtenir une renommée internationale.
Ralph Waldo Emerson (1803-1882), avec son essai mystique, Nature (1836), et Henry David Thoreau (1817-1862), auteur de l'essai la Désobéissance civile (1849), sont les membres les plus importants du transcendantalisme, mouvement philosophique et religieux, plein d'optimisme, professant une fois inébranlable en la toute-puissance de l'individu.
En marge des transcendantalistes, Nathaniel Hawthorne (1804-1864) expose dans son grand roman la Lettre écarlate (1850) sa vision tragique de l'existence. Deux marginaux encore : Poe et Melville. Le recueil de contes Histoires extraordinaires (1840-1845) du poète et nouvelliste Edgar Allan Poe (1809-1849) ne s'inscrit pas dans un courant littéraire proprement américain. Il révèle plutôt l'influence du romantisme noir et surtout la psychologie obsessionnelle de l'auteur, son hypersensibilité, qui, combinées à une technique savante, donnent à son œuvre son caractère mystérieux et macabre, unique et authentique. Herman Melville (1819-1891) installe le drame au cœur de son œuvre. De Moby Dick (1851) à Billy Budd (1891), la galerie de ses héros défaits sert son symbolisme de l'absolu : pour Melville, la grandeur humaine n'apparaît que dans la confrontation des hommes à leur échec permanent.
Walt Whitman (1819-1892), dans des poèmes qui combinent la simplicité de l'inspiration et la grande forme cosmique, inaugure la poésie américaine originale, avec notamment les Feuilles d'herbe (1855).
Le chroniqueur et romancier Mark Twain (1835-1910), dans ses chefs-d’œuvre d'humour «yankee», les Aventures de Tom Sawyer (1876) et les Aventures d'Huckleberry Finn (1884), apparaît comme un maître de la littérature régionaliste du Sud américain.
Deux grands écrivains, «exilés en littérature», s'imposent pour leurs qualités formelles. Emily Dickinson (1830- 1886) annonce la renaissance poétique du siècle suivant. Ses poèmes, très elliptiques, n'en expriment pas moins les vérités les plus universelles. Romancier du secret, doté d'un sens aigu de l'observation de la vie, Henry James (1843- 1916), dans des romans tels que Un portrait de femme (1881) ou la Coupe d'or (1904), confronte les tempéraments et les modes de vie américains et européens. Bien qu'issu de la tradition réaliste, James préfigure le roman moderne par l'intérêt qu'il porte aux aspects intellectuels, psychologiques et linguistiques de ses compositions.
Les auteurs du début du siècle reviennent au théâtre en même temps que croît leur intérêt pour les problèmes sociaux de leur temps. George Bernard Shaw (1856-1950) et Oscar Wilde (1854-1900) présentent leurs pièces comme une alternative à la médiocrité de la plupart des derniers drames victoriens. Ils ont en commun une remarquable virtuosité de langage et un esprit acéré.
Depuis 1935, on constate cependant une renaissance du drame poétique. En témoigne le drame en vers de Thomas S. Eliot (1888-1965), Meurtre dans la cathédrale.
Après 1945, le théâtre anglais, dans les pièces de John Osborne (né en 1929), la Paix du dimanche (1956), et d'Arnold Wesker (né en 1932), la Cuisine (1961), se fait l'écho des frustrations et du scepticisme politique des générations d'après-guerre.
Parmi les nombreux dramaturges de talent apparus dans les années 1960, notons Tom Stoppard (né en 1937), et surtout Edward Bond (né en 1934), avec la grande portée de sa pièce à tendance sociale Saved (Sauvés; 1965). L'œuvre de Harold Pinter (né en 1930), quant à elle, résiste à toute tentative de classification, bien qu'elle ait commencé par exploiter les situations du théâtre de l'absurde dans l'Anniversaire (1958) et le Gardien (1960).
Ce théâtre se présente comme le lieu du désenchantement, de la remise en question du rêve américain ; les jeunes auteurs américains y laissent libre cours à leur audace.
Eugene O'Neill (1888-1953) émerge comme le premier grand dramaturge américain. Ses drames teintés de symbolisme et de mysticisme poétique, tel le Singe velu (1922), font entrevoir l'absurdité de la condition humaine.
Après 1945, les pièces de Tennessee Williams (1911-1983), La Ménagerie de verre (1944), Un tramway nommé désir (1947) et la Chatte sur un toit brûlant (1955), et celles d'Arthur Miller (né en 1915), Mort d'un commis voyageur (1949) et Vu du pont (1955), dominent la scène américaine pendant trois décennies.
Ces dernières années, les pièces d'Edward Albee (né en 1928) (Qui a peur de Virginia Woolf ? en 1962) et de Sam Skepard (né en 1943) se signalent par leur écriture dramatique originale.
Au moralisme des deux grands représentants de la poésie victorienne, Alfred Tennyson (1809-1892) et Robert Browning (1812-1889), succèdent le néoromantisme des préraphaélites, la poésie anticonformiste d’A.C. Swinburne (1837-1909), les interrogations spirituelles de G.H. Hopkins (1844-1889) et la vision tragique des "poètes de la guerre". Par la suite, la poésie suit deux directions, l'une plus hermétique et allusive, dans un style moderniste, l'autre plus accessible qui se situe dans un courant poétique traditionnel.
L'Irlandais William B. Yeats (1865-1939), considéré comme le plus grand poète moderne de langue anglaise, cherche à réaliser, dans ses poésies intenses et profondes, l'unité de la conscience, de l'âme et du corps. Wystan H. Auden (1907-1973), poète engagé et virtuose de la technique verbale, est l'un des auteurs les plus complexes de son temps.
Le plus célèbre poète du Pays de Galles est Dylan Thomas (1914-1953). Eloigné de toute préoccupation politique, il analyse les profondeurs de l'inconscient, dans un esprit néo-romantique. Après 1945, Philip Larkin (1922-1985), chef de file des poètes du Movement., renoue avec le réalisme poétique, ainsi que Ted Hugues (né en 1930) dont la violence du style traduit les tensions de la société moderne.
Wallace Stevens (1879-1955), auteur d'une poésie savante et précieuse réconcilie les aspirations d'une poésie américaine et ses racines culturelles européennes. La poésie familière et attentive de William Carlos Williams (1883-1963) peut parfois ressembler à une série de "plans" comparable à une séquence filmée, exprimant en cela une qualité poétique bien américaine. Robert Frost (1874-1963), poète populaire, exploite le rythme distinctif du discours américain et chante la vie des fermiers.
Robert Lowell (1917-1977), célébré comme le plus grand poète américain de son époque, acquiert un statut quasi légendaire de son vivant. Sa poésie reflète une vie agitée et tourmentée.